L’armée a pris la parole pour la première fois, hier, en Tunisie, s’affichant en «garante de la Révolution» par la voix du chef d’état-major de l’armée de terre, le général Rachid Ammar, lors d’une intervention improvisée dans le quartier de la Kasbah, siège du pouvoir politique à Tunis, devant des centaines de manifestants. Ces derniers exigent, depuis une semaine, la démission du gouvernement d’union nationale, en raison de la présence controversée dans ses rangs de caciques de l’ancien régime Ben Ali. «Nous sommes fidèles à la Constitution du pays. Nous ne sortirons pas de ce cadre», a ajouté Rachid Ammar, inconnu jusqu’à ce qu’il refuse de faire tirer sur des manifestants de la «révolution du jasmin» et qui jouit, désormais, d’une immense popularité. Le chef d’état-major a appelé les manifestants à lever le siège des bureaux du Premier ministre. «Vos demandes sont légitimes. Mais j’aimerais que cette place se vide, pour que le gouvernement travaille, ce gouvernement ou un autre», a-t-il poursuivi, mettant en garde la foule: «Le vide engendre la terreur, qui engendre la dictature».